Puce

Un cri… Et si les toiles de Puce étaient finalement un cri ? Le cri de la révolte de cette génération née au crépuscule des trente glorieuses, enfantée par mai 68 et le premier choc pétrolier, cette génération qui a vu tomber le mur de Berlin et les Twin Towers, marquée au fer rouge par le Sida et l’argent roi, à l’ombre du réveil de l’Asie et du réchauffement climatique. Cette génération portée par les grands bouleversements de l’accès à la connaissance, les découvertes scientifiques qui se succèdent plus vite que ce qu’on peut les maîtriser, la révolution numérique, la mise en réseau planétaire des informations et des individus. Jamais les hommes n’ont été si proches, et jamais ils n’ont été si loin, jamais ils n’ont autant partagé et jamais ils n’ont été si seuls. C’est ce monde, pleinement sien, que Puce jette sur la toile de manière crue et brute, lucide et résignée, comme pour mieux l’habiter ou au contraire s’en défaire.

« Trop de communication tue la communication. Nous sommes bombardés d’informations, mais on n’en fait rien, on n’en retient rien », explique t-il, « Cette profusion d’images je la mets en bloc sur la toile pour qu’elle nous éclate à la gueule. Alors là, comme dans un livre où les mots se lient pour nous raconter une histoire, les images se parlent et se répondent, nous parlent et nous répondent ». Ce n’est que le monde que Puce met en scène, ce monde mondialisé, porteur de toutes les promesses et de toutes les fragilités, ce monde du net, des images cultes, clinquantes, choquantes, dérisoires, engagées, sublimes, inutiles, éphémères et ces visages des hommes anonymes, magnifiques, faibles, provocants, libres, déchirés, formatés, icones, esclaves, résistants, seuls, perdus, debout, vivants. Dans ce mélange explosif, c’est la vie qui nous éclate à la gueule, une vie à vivre ici et maintenant.

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